La peur du loup
Les préventions remontent loin dans le temps. Gaston III de Foix, plus connu sous le nom de Gaston Phébus, désigne le loup comme un mangeur d’homme en puissance. Malgré les l’abondance des témoignages, les naturalistes doutent aujourd’hui que les ravages aient eu l’ampleur qu’on a coutume de leur prêter. Car naturellement, le loup a peur de l’homme et ne s’attaque à lui que dans des circonstances exceptionnelles.
Pourtant, les temps de disette voient les loups s’approcher des villes. Dans un passage du Journal d’un bourgeois de Paris, on peut ainsi lire « (…) En ce temps-là [1422] especialement tant le Roy fut à Paris, les loups étaient si enragés de manger chair d’hommes, de femmes et d’enfants qu’en la darraine sepmaine de septembre estranglèrent et mangèrent quatorze personnes que grans que petits, entre Montmartre et la Porte Saint-Antoine, que dedans les vignes, que dedans les marais… ».
Plus tardivement, un arrêté du Parlement de Toulouse, daté du 7 janvier 1606 montre la menace perçe du loup : « Veu la requeste présentée par le procureur général du Roy concernant les murtres et ravaiges faictz par les loups et bestes sauvaiges ayant tué plus de cinq cent hommes, femmes et petitz enfants depuis trois mois dans les senechaussées de Tholoze et Lauraguois, même dans le gardiage et faulxbourg dudict Tholoze, la court enjoint à tous les officiers du roy (…) d’assembler les habitants des lieux et faire chasser les loups et autres bestes sauvages. »
Mais là encore, l’exagération semble être de mise. Les archives secrètes de Prusse au XVIIIe siècle par exemple, ne mentionnent aucune mort d’hommes pouvant être attribuées aux loups tandis qu’à la même époque, la France tremblait du récit des méfaits de la bête du Gevaudan.